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C’était jour de finale

vendredi 4 juillet 2008 par Dominique

Samedi 28 juin 2008, c’était jour de finale.

Depuis longtemps, le rugby élit son champion à la suite d’un match décisif. Chaque joueur, quelque soit son niveau, rêve de toucher un jour « du bois », de soulever le bouclier.
Une saison pour atteindre la dernière marche, un seul match pour tout gagner ou tout perdre. 11 semaines pour une course. C’est le contrat.

Pour avoir eu cette chance de disputer quelques uns de ces matchs couperets , d’avoir connu le bonheur d’en gagner certains et le malheur d’en perdre d’autres, je sais ô combien, que les larmes de tristesse sont plus lourdes que les larmes de joie.

J’aime Toulouse et son jeu « de toulousain », mais j’apprécie tout autant le jeu ambitieux des clermontois et leurs efforts consentis ces dernières années pour conquérir le Graal. Ces deux équipes méritent le titre : Malheur aux vaincus.

Dimanche 29 juin 2008
Une nouvelle fois « dominer n’est pas gagner ». Après avoir maîtrisé une saison entière et régné sur un championnat passionnant, les clermontois ont une nouvelle fois échoué (la neuvième)

En ce lendemain de finale, j’ai aussi la gueule de bois. Mon match tant attendu contre le Verdon a tourné court, j’ai pris une leçon, une grande claque que je n’ai pas vu venir.
Plus de son ni d’image dans le fond des gorges, plus d’envie, plus de plaisir, plus rien, juste un goût amer.
Me voilà échoué sur les rives du Verdon

Comme les auvergnats, je me demande à quoi ont pu servir tous ces entraînements, ces plaquages, ces mêlées épuisantes répétées, ces sacrifices …
Certains diront que j’étais trop gourmand, que je n’avais pas le niveau, ou encore que je n’étais pas suffisamment préparé. Certes ?! peut-être ?! pourquoi pas ?!
Pourtant, je revendique le contraire. J’étais prêt.

Même si le challenge était imposant, je l’avais dans la tête, il était réalisable, j’en reste persuadé.

Il me semblait avoir corrigé une multitude de points négatifs perçus lors du Grand Raid de la Réunion.

J’avais commencé à me préparer mentalement, la réputation de l’Imbut et du Vidal n’étaient plus à faire. La chaleur dans cette région et à cette période de l’année n’est pas une surprise.
Depuis plusieurs semaines une vue vertigineuse sur le Verdon s’affiche en permanence sur mon ordinateur professionnel
Apprivoiser ses doutes, ses craintes, …

Plus facile à dire après coup, mais je n’en décolère pas : j’étais prêt.

La preuve en est lorsque nous avons atteint le sommet de la première crête, là où l’on passe à quelques centimètres du bord.
L’an dernier, sur des sentiers moins aériens, j’étais en panique. Le vertige toujours et encore.
Hier, j’ai pris le temps d’admirer le paysage, de profiter de ce merveilleux spectacle, de sortir l’appareil photo pour immortaliser cet instant et de constater à regret, qu’il était en panne.
Déjà un signe ?

La preuve en est de constater une certaine aisance dans les montées techniques. L’apport de bâtons sans doute. Une étonnante et nouvelle sensation, rien à voir avec le style précédent fait de puissance et de rentre dedans. Exit le style bourrin.

La preuve encore lors de la première grande descente, où je rivalisais avec Pierre. Tous les deux faciles, à s’amuser de nos progrès.

Alors ? Où est le problème ? que s’est-il passé sur le sentier de l’Imbut ?

La chaleur peut-être ? Ce soleil qui nous fait tant défaut en région parisienne ?
Effectivement, comme prévue, la chaleur est bien présente, 30°, puis 35°C, et beaucoup plus dans des zones abritées.
Pourtant je n’ai pas l’impression de l’avoir subie. J’ai bu régulièrement, me suis constamment arrosé et profité aussi souvent que possible de ces rares mouvements d’air (on ne parlera pas de vent) pour me mouiller les membres, et ressentir cette sensation de fraîcheur.
J’avais à l’esprit toutes ces sorties de l’été dernier sur le littoral varois dans de semblables conditions. J’y étais bien, là aussi.
Cette chaleur en a terrassé plus d’un, et était une excuse toute trouvée. Même si c’est un facteur non négligeable, elle n’est pas seule responsable de mon fiasco

Alors, quoi d’autre ? l’envie ?
C’est une piste sérieuse. Nous en parlons depuis, beaucoup avec Sandrine. Nous essayons de comprendre et nos réflexions semblent concorder.

Depuis que nous nous connaissons mes relations avec la course à pied ont évolué. Imperceptiblement mes attentes, mes ambitions se sont modifiées. Difficile de se l’avouer, mais je participe sur de telles épreuves par continuité alors que tout a changé. Il me faut appréhender cette nouvelle donne.
Aujourd’hui nous partageons tout. S’inscrire à une course est un projet commun, une fête, des rencontres, la performance a perdu sa place.
Je ne cours plus pour exister comme je pouvais le faire auparavant. Je ne cours plus pour ressentir ces joies et ces peines que le sport peut offrir (le rugby et ses valeurs me manquaient).
Aujourd’hui, ces émotions sont quotidiennes, on rit on pleure, pour un oui, pour un non. On partage.

Alors quand une cheville craque, un doute s’installe, ils deviennent des raisons, des prétextes suffisants pour la retrouver. La confiance affichée s’étiole, l’envie d’abandonner grandit.

Je n’ai pas envie de lui imposer de longues attentes alors que l’eau bleue du Verdon nous invite à la baignade.
Je n’ai pas envie d’emmagasiner des souvenirs de paysages fabuleux que je ne pourrai décrire.
Je n’ai pas envie de lui faire vivre ces aventures par procuration.

La savoir si proche et si loin à la fois ne me plait guère.

Pourtant avant de la rejoindre, j’aimerai tenter de régler un différend avec mes peurs. Un bras de fer avec le vertige, juste lui montrer qu’aujourd’hui, c’est moi le plus fort.

Une bise, un sourire et la descente dans les gorges se fait le plus naturellement possible. Le sentier est raid, technique, glissant. C’est sûrement le prix.

Tout est beau, et je mesure plus encore que je ne suis pas grand chose dans ce canyon majestueux. J’ai du mal à m’imaginer sur l’autre versant dès ce soir.
L’envie n’est plus là, le plaisir plus rare, juste une satisfaction de franchir des passages vertigineux les uns après les autres (bien aidé par Jean-Philippe et Lydie).

Le Vidal approche, il ne m’impressionne pas, mais j’ai néanmoins hâte d’en sortir. J’imagine l’angoisse de Sandrine à la vue de l’hélitreuillage, impossible de l’avertir que ce n’est pas moi. Aujourd’hui, en haut du Vidal, j’ai gagné une petite bataille.

Mais c’est décidé, j’arrête !!
Une page s’est tournée sur les bords du Verdon. J’en ai pris conscience. Je respecterai mes engagements de fin d’année. Les knockand’O iront défier les kékés sur leur terre.

Il me plait aussi de penser aux randonnées que nous ferons cette été, mais je ne m’imagine pas avec un dossard d’ici tôt.

Voilà, vous savez tout ou presque sur mon Verdon. C’était un jour de finale, et très certainement un point final.

lien vers des photos autour de la course et vers des photos de l’ambiance du WE


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