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La difficile adolescence

lundi 11 février 2013 par Sandrine

Moche, boutonneuse, timide, complexée, fade, le sourire en berne, et sans amis, tel est le tableau peu engageant, mais fort réaliste, que je pouvais brosser de moi à l’âge de 14 ans !!

Quand je le raconte aux copains, aux collègues, personne ne me croit, et pourtant …
Cette époque fait partie de ma vie, et m’a certainement influencée pour mon avenir !!
On ne ressort pas intacte de deux années de vilain petit canard …


Je m’étais toujours dit que j’écrirais un jour les souvenirs de cette période transitoire entre la douce enfance et l’âge adulte.

Il est donc temps aujourd’hui, de vous raconter non sans humour, les doutes et les peu d’espoirs de mon adolescence dans une banlieue de l’Ouest Parisien …

Mais afin de vous faire comprendre et constater l’étendue du désastre, une photo vous donnera déjà une légère idée sur mon physique très peu avantageux de l’époque !!
Je vous le jure, cette photo est absolument sans truquage !

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Et là je vous imagine « Ah oui quand même, elle était pas bien jolie la Sandrine !! »

J’avais à l’époque tous les surnoms débiles qui collaient à mon physique disgracieux, et que peuvent donner ces petits cons de gamins de collège :

  1. Pinocchio (à cause de mon grand nez)
  2. Clearasil (certains reconnaîtront une célèbre marque d’anti-acnéique des années 80)
  3. Chandrine (merci à mon cheveu sur la langue…)
  4. Végétaline (mes cheveux étaient tellement gras …)
  5. Et sans se forcer, grâce à mon nom de famille fort agréable à porter (« Lecul » pour ceux qui auraient oublié mon patronyme) j’avais évidemment droit à toutes les vannes possibles sur le dit postérieur !!!)

Bref, autant vous dire que cela partait bien mal pour moi …

Je maudissais la vilaine fée qui avait dû se pencher bourrée sur mon berceau, pour m’affubler d’autant de méchants défauts physiques !!

Les autres avaient tout fait pour me rendre laide, et ils avaient gagné, j’évitais tous les miroirs de la rue et des environs, le reflet n’y était jamais en ma faveur et cela minait mon moral !!

Je n’aurais surtout pas osé demander qui était la plus belle du royaume, je connaissais déjà la réponse : ce n’était pas moi !!

Un constat s’imposait : lorsque vous faites partie des plus moches de l’école, et, évidemment des plus renfermées, vous n’avez que peu de chances de vous attirer les regards et l’amitié !!

C’est alors un cercle vicieux..Plus on vous exclut, plus vous vous renfermez, plus vous vous renfermez, plus on vous ignore, la sentence est irrévocable !

Je n’avais donc qu’une seule amie de galère : la « grosse » de la classe, celle avec qui nous avions mêlé nos solitudes et renforcé notre isolement !!

Reines de la raillerie et des boutades à deux balles, nous tentions de faire face à cette adolescence qui nous méprisait.

Le sport

Rappelez-vous, en classe de sport, quand deux élèves (généralement les chouchous) étaient nommés par le prof d’EPS pour constituer les équipes de hand, foot ou volley…
Eh bien figurez-vous que c’était un moment que je redoutais !!

On ne se rend pas compte à quel point ce système est pervers et instaure une discrimination…

Les meilleurs étaient d’abord choisis : les plus sportifs, les plus rapides, les supers potes, puis venaient le tour des plus mignonnes, ces filles en short moulant à la dégaine sexy, qui étaient à des milliers d’années lumières de mon gros sweat informe et de mon jogging tout gris !!
A la fin, il en restait toujours deux sur le carreau : la grosse et la moche …Les deux dernières, que ces jeunes hommes désignaient avec dégoût pour finir la constitution de l’équipe.

Autant vous dire qu’en prime, durant les parties, je n’avais jamais droit au ballon, et que les croche-pieds n’étaient pas rares !!

Je détestais le sport !

Les cours

De la très bonne élève d’école primaire, j’étais passée à la cancre de la classe.
Nulle en maths, mauvaise en physique, trop réservée, trop timide, ma prof de français de 4e dont j’étais devenue le souffre-douleurs, avait tout de même dit à ma mère, et ce, avec un certain aplomb :
« Votre fille, c’est une huître, et j’attends la goutte de citron qui va la faire s’ouvrir !! »
Maman en était restée médusée. Et moi j’étais dépitée !!

Le portrait se noircissait.
Au physique peu engageant, venait s’ajouter une intelligence médiocre.

Même mes notes de Français s’étaient effondrées !!
Il ne me restait guère que l’Allemand et l’Anglais, où j’excellais, pour me redonner un peu d’espoir ...Sauf que je n’avais aucune ambition de devenir traductrice ou enseignante.

Qu’allait-on donc faire de moi ???

Je détestais l’école et les huîtres !.

Les boums

C’était l’époque des boums et des flirts, à l’âge où Vic embrassait avec bonheur Mathieu dans le non moins célèbre film de Claude Pinoteau, je rêvais au prince charmant, et à mon premier baiser !!

Mais … transparente que j’étais, cela ne risquait pas d’arriver…Ecartée des invitations à ces boums dont tout le collège parlait, j’aurais donné tout ce que j’avais, c’est-à-dire bien peu, pour assister à ces après-midis qu’il ne fallait surtout pas rater !!

Exclue, je me contentais d’écouter de loin les compte-rendus de ces chanceuses, celles qui avaient eu le bonheur d’aller se trémousser chez Untel sur Madness ou Téléphone...
Ces créatures divines à la pointe de la mode, qui n’étaient surtout pas mes copines, alliaient maquillage parfait et silhouette longiligne, elles étaient toujours entourées d’un harem digne des mille et une nuits, et flirtaient à l’envi...

Cela me laissait rêveuse, ce monde m’était inconnu et interdit, alors je restais des heures à bouquiner, allongée, seule sur la moquette de ma chambre…

Ne sortez pas un kleenex tout de suite ...

Il y eût tout de même un jour ma première boum !!

Alors que je ne m’y attendais plus, je me retrouvai un jour enfin invitée !!
C’était inespéré, à la limite du miracle, et mon excitation était à la hauteur de l’événement !!

Sans me demander ni pourquoi, ni comment j’avais réussi cet exploit, je m’y étais préparée avec soin...
Léger maquillage, cheveux propres, tenue à peu près adaptée, je savais que je ne rivaliserais pas avec les autres, mais j’étais si heureuse !!

J’étais juste naïve.
Je n’avais pas vu le coup venir...C’était en fait un joli traquenard.

Qui dit première boum, dit première série de slows, dit premier baiser.
C’était d’une évidence implacable !

Moi la moche, je réussissais à toucher le tiercé, et dans le bon ordre .
Et me voici qui plane dans les bras de mon adolescent acnéique !!

Limite je suis déjà amoureuse , tous mes sens en éveil, et prête à décrocher des montagnes pour le plus beau des garçons qui est le mien !

Sauf que...

Dans les contes de fées, on aurait pu se marier et avoir quelques enfants...
Dans mon histoire d’adolescente mal dans ma peau, le garçon avait fait un pari : celui de sortir avec la plus moche de la classe : et c’était moi !!

Je suis descendue au 35e sous/sol de l’enfer !

Humiliée, vexée, ultra-méga complexée, les semaines qui suivirent cet abominable affront, cet échec cuisant, furent terribles, je ne rêvais que de vengeance et d’humiliation !!

Le bilan n’était pas brillant : je ne croyais pas en l’amitié, je ne croyais plus en l’amour, et je ne croyais surtout plus du tout en moi.

Je détestais les garçons.

Quand je vous le dis, c’était super mal barré mon histoire !!

La conclusion

Il en faut bien une...

Cette période n’a heureusement duré que deux ans.
Mais p**** deux ans, c’est super long !!

Il m’a fallu de longs mois pour me réparer, me métamorphoser, évoluer, grandir aussi.
J’ai appris à sourire, à aimer, à désirer, et surtout à m’accepter !!

La suite a été logique, et le cercle vicieux s’est inversé, plutôt ouverte et souriante, déconneuse et finalement sympa, j’étais invitée à toutes les boums du quartier, dansant sans complexes avec mes nombreux copains, sur la musique des années 80 !!

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Le vilain petit canard avait perdu ses dernières plumes disgracieuses, il n’allait pas non plus devenir le plus joli des cygnes blancs, mais c’était bien assez suffisant pour savourer un bonheur tout neuf...

L’ex grande timide avait troqué définitivement sa carapace pour une tenue d’extravertie, échangé sa moue tristounette pour un sourire clairement affiché.

Tout n’était donc pas perdu pour toujours !!

L’adolescence est une sacrée page à tourner, et, pour certains la feuille est bien trop épaisse et mal écrite, mais elle permet ensuite d’aborder un autre paragraphe de la vie avec plus de motivation que jamais !!

Autant vous dire, je ne sais pas si j’ai réussi à choper la fameuse goutte de citron qui devait me faire ouvrir, mais en y réfléchissant bien, c’était certainement du concentré... !!


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