La gueule "du" bois
Il me faut étancher ma soif de courir, me saouler à grands coups de foulées, de rythmes endiablés (ou entazés), de respiration haletante, …
Les quelques sorties depuis le grand Raid sont plutôt encourageantes malgré quelques douleurs résiduelles, mais rien de bien méchant, à peine une gueule de bois.
Alors, allons prendre une cuite.
La course des Flambeaux est la boisson idéale. Elle est mi cochon d’inde (comme le dirait Bruno Salomone). C’est un cocktail mi urbain, mi campagne, mi-route (pas de jeu de mot), mi trail (là non plus) …
C’est surtout un apéritif à l’approche des grosses fêtes hivernales, un breuvage de nuit, que l’on déguste à la frontale, avec un sac à dos et quelques passages boueux en forêt.
J’adore ces nectars.
Je remercie les organisateurs d’accepter les fêtards tardifs comme nous.
Pas de carton d’invitation, on débarque et on s’invite. Nous sommes des sans-gêne et nous en sommes malheureusement à peine conscients. Merci donc de nous avoir reçu, et d’avoir accepter de chambouler un peu l’organisation pour le plaisir d’un plus grand nombre de convives.
Ce soir, 2 potions sont servies, un 10 ans d’age pour découvrir, un 18 ans d’age, plus musclé, chargé en saveur de sous bois, de passages boeux, de montées et descentes.
450 mètres de relief, rien de bien méchant pour les soiffards mais qu’il faut savourer avec bonheur.
D’ailleurs, ça commence dès le départ, un passage magnifiquement éclairé au pied des remparts qui nous mène rapidement vers le point haut de Montfort l’Amaury. Un donjon en ruine.
Parti prudemment en queue de peloton, je me fais surprendre dans quelques « bouchons », le défilé de frontales qui sillonne la butte nous aide à patienter patiemment. Le spectacle est beau, j’adore !!!
Je ne prendrai pas de photos qui témoigneraient de cette ambiance féerique. Je n‘ai pas le temps, j’ai prévenu Sandrine avant de partir : Ce soir je m’enivre.
Dès que nous quitterons Montfort, je commencerai à soutenir une bonne allure. Comme pour les soirées un peu folles, j’ai décidé de profiter jusqu’à plus soif, pas de chrono espéré, pas de classement, seulement s’imbiber.
Dès les premiers pas dans la forêt, nous rencontrerons quelques passages humides savoureux, c’est l’occasion de dérapages, de contrôles approximatifs, mais aussi dépassements de coureurs moins hardis. Je ne peux m’empêcher de penser à Sandrine : Elle ne va pas aimer cette soirée, seule dans ce troquet un peu glauque.
La vue du panneau des panneaux 10 et 18 km me rassure, je sais maintenant qu’elle prendra sûrement un breuvage plus léger. Je peux donc continuer à absorber les kilomètres.
Déjà, un virage en épingle me fait penser que nous amorçons la partie retour du parcours. J’en profite pour accélérer la cadence, la route forestière qui nous mène vers les Menuls est tout simplement fabuleuse.
C’est un long faux plat descendant, très roulant, je lâche un peu les chevaux et tant pis si ça casse un peu plus tard.
Petite séquence émotions au passage du lavoir des Menuls, il y a 2 ans une balise du raid28 nous y attendait. Snif snif nostalgie quand tu nous tiens.
Les lumières de Montfort approchent déjà, une longue descente nous emmène vers le sas de départ (sûrement transformé en sas d’arrivée). Déjà fini ?
Non, dernière friandise …
… un dernier tour au pied du donjon, suivi d’une longue descente au travers les rues de Montfort qui nous mène à nouveau au pied des remparts. Je dévale sur ce chemin pavé. Un petit sprint s’improvise avec un autre concurrent, on se dépasse et re-dépasse. Personne ne lache. Il aura le dernier mot, j’aurais la satisfaction de découvrir ensuite qu’il n’avait fait que le 10. Mon honneur est sauf !! J
1h50 de pur bonheur, j’ai vraiment aimé cette course.
Allo, t’es où ?? Sandrine est en pleurs, esseulée dans la forêt.
Calme toi, j’arrive de suite , je viens te chercher en voiture ou en courant.
Finalement, elle décide de boucler le parcours, nous allons nous rejoindre tout en parlant au téléphone. La situation est loufoque, les bénévoles me regardent et m’interpellent en m’indiquant que le parcours est dans l’autre sens.
Le plus folklorique est quand nous essayons de nous deviner dans la nuit.
C’est toi que je vois au loin, la-bas ? oui
Tu me vois faire des signes avec la lampe ? non
Ah je fais des signes à une rubalise depuis 5 minutes, quel piètre dragueur je suis.
Enfin les retrouvailles, la suite n’est plus qu’une simple formalité.
Nous finirons de nous enivrer sobrement avec les autres kikoureurs qui ont eu la gentillesse de nous attendre.
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