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Train de 11 heures (en vélo)

100 km de Millau 2006
samedi 23 septembre 2006 par Dominique

Belvès m’a laissé un goût amer, j’ai envie de retourner au trail et à la chasse aux balises. Même l’idée de faire le marathon puis la seconde boucle comme suiveur vélo ne me motive guère.
C’est donc sous l’insistance de Sandrine que je me suis décidé à participer aux 100 km de Millau. Une participation au projet de meneurs d’allure (comme suiveur) m’a totalement convaincu. Ce sera aussi une belle occasion de sortir de notre quotidien, et de partager une belle aventure entre copains.

Le rendez-vous est donné au camping Larribal. Belle idée de camper sous le vent et la pluie. Ça crée des souvenirs et le sujet de conversation est tout trouvé. Va t-on mourir engloutis par le Tarn débordant, ou écrasés par un arbre ??
Non, très sincèrement, pas d’idée macabre, c’est l’ambiance des rencontres et des retrouvailles, avec une pointe d’excitation bien légitime à la veille d’une grande course.
C’est surtout une idée originale de regrouper les plus « frappés » d’entre nous pour loger dans un camp de base, et y organiser le lendemain un barbecue.
Le WE festif fût donc une véritable réussite et un vrai bonheur à partager, nous avions presque oublié que la veille, le temps était au déluge et que certains d’entre nous avaient pratiqué un peu de sport.

Au fait, j’ai fait quoi la veille ??? ah oui du vélo !!! mon fessier me le rappelle parfois !!
11 heures de vélo avec une couche mouillée, je plains les bébés et je sais maintenant pourquoi ils pleurent !! Désolé mes enfants si j’avais su, j’aurai été plus prompt aux changement de couches.

Je m’égare, et revenons à nos moutons. D’ailleurs, je serai le chien du berger de 11 heures, je vais veiller sur lui, et essayer de ramener les brebis égarées, mais surtout profiter du spectacle. (J’ai encore en mémoire cette expérience partagée avec Vincent T.) Etre ou devenir centbornards n’est pas une mince affaire, et les accompagner permet de mieux se rendre compte de la difficulté.

10h00 le TGV de 11 heures est lancé.
Bon d’accord, au départ les wagons étaient devant la motrice, ça fait désordre !! « Suite à un problème technique, le TGV numéro1612 arrivera en gare d’Aguessac avec un certain temps de retard, la SNCF vous remercie de votre compréhension ».
Un peu de patience, d’impatience, de nervosité, de doute, « purée !! y fait quoi patate ?? »
« Ah, il y a enfin un pilote dans le train » on peut partir.
On fait connaissance des voyageurs, des ambitions, des expériences. Placez un grelot à coté du conducteur, et vous avez la radio pour la journée (Quel bavard ce Jean-Marc !!, mais c’est bien ainsi).

Seconde gare. Première stratégie. je pars devant faire le plein.
C’est une bonne idée !! Une excellente idée même !! Y a des jours, je me demande où je vais chercher tout ça !!!
Une fois les gourdes pleines et dans la confusion la plus totale, je ne vois pas le groupe arriver. J’attends un peu, puis suffisamment, puis jusqu’à l’inquiétude.
« C’est pas vrai, je vais pas passer mon temps à chercher Noël !! »
Je décide de remonter la file, pour tomber sur le Phil de 12 heures (tout souriant et facile).
« Aïe !! va falloir foncer en sens inverse pour rejoindre le groupe. » Exercice périlleux , me voilà parti pour un slalom géant parmi la foule de coureurs et de cyclistes.

Enfin la jonction est faite, promis, juré, craché, je ne les quitterai plus !!!
Les kilomètres défilent, l’objectif devient commun, des liens se tissent, nous unissent, une complicité s’installe, une organisation aussi. L’aventure est belle.
Au fil du temps, et des conditions climatiques, je deviens impuissant. Pas facile d’anticiper les petits moments de « pas bien », de doute. Pas facile de dire à quelqu’un que « ça ira mieux après », alors que vous n’aurez pas un coup de pédale à donner pour le suivre.

La côte de Tiergues fait mal aux jambes, je le vois, je le sens, Fabien lâche un peu, puis Pierre.
« Non non les gars !!! pas maintenant !!! Ralentissez un peu, montez à votre rythme, Noël a prévu de marcher sur le dernier kilomètre, ça nous laissera le temps de rentrer tranquillement. Allez les garçons, pas de panique, ça va passer !!! je reste avec vous !! »
Waouuuuh, Il fait du bien ce ravitaillement de la côte de Tiergues. Les sourires (ou presque) sont revenus.
Ce fût l’un des grands moments forts de cette journée.

Le groupe est sur le retour et dévale maintenant le long faux plat. Le paysage n’est pas chouette, un peu monotone et tristounet. Il fait gris, le ciel est menaçant (pour changer), la route est coincée entre une falaise et une ligne de chemin de fer. On croise les marcheurs qui boucleront certainement en 20 heures. Certains sont déjà très fatigués et ont à peine franchi la moitié du parcours.
Le contraste est frappant : unis comme jamais, le groupe fonce.
les temps de passage sont bons, excellents même. La même envie les anime, le silence s’impose (Jean-Marc s’est tu), on entend qu’une foulée, qu’une respiration.
Quel moment mes amis !!! je me sens petit, inutile sur mon vélo, juste un privilégié. Je suis admiratif, bluffé, …
Bien plus tard Sandrine m’a demandé si l’envie de courir m’avait titillé, ma réponse fût négative. C’était sans penser à cet instant, j’aurai aimé faire partie de ce groupe.
Ce fût là aussi, un bel instant.

Il est magnifique ce viaduc, l’éclairage met en valeur ces formes longilignes et fait oublier l’espace d’un instant la réalité de la pente. Le groupe monte « à l’arrache », les portions de marches s’imposent (certaines plus longues que prévues),
« allez les petits loups !! c’est l’heure de rentrer, on trottine, on ne lâche rien ». Quelle volonté après tant de temps, de pluie, de vent, de fatigue, …
Les lumières de Millau annoncent l’arrivée, elles me rappellent un peu celle des templiers. Je me souviens de cette émotion particulière, de se sentir si proche de l’arrivée et pourtant si loin encore. J’imagine celle de mes compagnons. Les veinards !!!

Pierre cédera un peu de terrain au franchissement du Tarn, mais je l’accompagnerai jusqu’au bout, hors de question de le laisser après une telle journée. Nous laissons Noël et son groupe s’éloigner un peu.
Au final, 7 minutes de retard pour le TGV de 11 heures, mais un groupe uni jusqu’au bout et des passagers heureux.

23 heures, il est temps pour moi de prendre une dernière leçon. Je vais rejoindre Pascal. Il accompagne Henri Girault le meneur d’allure 14 heures.
Henri est impressionnant, 13 heures de course, et toujours aussi alerte, vif, le regard futé et affûté. Il est soucieux d’emmener Robert qui n’a jamais pu terminer un 100 km.
Il alterne avec une régularité déconcertante des marches à 6km/h et des courses à 9km/h.
Pascal m’assure qu’il est au spectacle depuis ce matin, il est complètement sous le charme, sous cette philosophie de la course à pied, … « courir, courir, se faire plaisir » ça vous rappelle quelqu’un ???
Pendant les 5 km, ce grand monsieur de 70 ans, va jongler avec la ligne la plus courte, tantôt à droite, à gauche, au milieu, il surfe sur cette ligne idéale pour guider Robert, lui faire économiser ces petits mètres.
A l’arrivée, il nous confiera que Robert et lui ont maintenant 546 100 km à eux 2. Belle image de partage.

1 heure du matin . Après quelques frites, bières, saucisses. C’est l’occasion d’un dernier délire dans Millau. Carole, Pascal et moi décidons de rejoindre notre camp de base pour y dormir enfin. Nous dévalons à vive allure les rues de Millau, ce sont les derniers coups de pédales avant un certain temps.

Merci aux acteurs de ce WE et merci de m’avoir lu jusqu’au bout.
Domi_certainement_candidat_pour_une_prochaine_édition_en_vélo.


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