Mission : Accompagnateur d’un bout de Drôme
Je commencerai ce petit compte-rendu par remercier Caro et Bertrand et leur association de m’avoir donné cette opportunité d’accompagner des coureurs sur les 35 derniers kilomètres du 100 km de la Drôme. C’était vraiment une expérience enrichissante, une mission comme je les aime.
Aujourd’hui, face à mon écran, je mesure plus encore cette chance d’avoir conclu une belle journée par une randonnée sur le massif des 3 becs. On ne revient jamais indemne des WE à Crest …
Saillans
En partant de Saillans vers 16h30, je sais déjà que je croiserai la route de coureurs en détresse dans la longue montée qui mène au pas de la motte puis à la laveuse. 65 km sous le soleil où la chaleur aura usé, éreinté ces organismes pourtant bien entraînés. Il faudra être attentif sur leur progression, respecter leur peine, leur souffrance et tenter de les rassurer.
Certains n’auront pas cette réussite, ils s’arrêtent près de la fontaine d’eau fraîche, jettent l’éponge et rendent leur dossard aux petites blondes souriantes sous l’arche du 65 km.
D’autres déçus, parfois en pleurs, ne peuvent repartir … Le médecin leur interdit
Je souris à la vue de ce conjoint-suiveur dans le local de soins. Il s’alarme, s’inquiète à l’approche de sa femme et recommande aux médecins, soigneurs, bénévoles et à qui veut l’entendre de retenir sa traileuse préférée si l’on décèle le moindre petit « bobo ». Il connaît trop sa volonté d’aller au bout et ne souhaite pas la voir souffrir. C’est beau l’amour.
Direction le pas de la Motte
Je me régale de ces tranches de vie, mais c’est déjà l’heure de partir.
Eric a pris un peu d’avance, Christian, Miguel et moi le suivons à distance…
Dès les premières rampes, le groupe se reforme. Nous faisons connaissance, je recueille leur première impression sur leur journée. Je tente de les rassurer sur la suite, leur décris le parcours qui les attend, et pour ceux qui le souhaitent, leur montre le trou de la laveuse … là haut, tout là haut …
Eric n’est pas au mieux, je programme une pause sur le replat près des Auberts. Christian et Miguel plus fringuants en profiteront pour prendre la tête du groupe et monter à leur allure.
Je ne les reverrai que bien plus tard …
Je ne vais pas vous décrire les malheurs d’Eric. Sachez simplement que des liens se sont créés, qu’une complicité s’est installée. Je ne retiendrai que son courage, sa patience et sa volonté d’aller toujours un peu plus haut, un peu plus loin.
Au profit d’une ultime pause sur la dernière bosse avant la laveuse, nous profitons du spectacle qui s’offre à nous. La vue sur la vallée de Drôme y est superbe. Eric, tu peux être fier de toi, de ton parcours.
Le gardien de la laveuse
Imaginez une sorte de dahu tout d’orange vêtu, nous l’entendons crier, l’apercevons tantôt en haut, à gauche, sur un rocher …C’est « super » Stéph !! Dopé au café depuis ce matin, alimenté par de la musique de jeunes dans les oreilles, il est partout !!! Il court nous préparer un café chaud. Quelle rencontre !!!
A présent, une autre course va commencer.
Boosté par l’énergie débordante de Stéphane, et par une purée dégustée au chaud sous la tente, notre gaillard va repartir seul pour tenter de passer la dernière barrière horaire du 80ème kilomètre.
J’attends à présent deux jurassiens en délicatesse sur les dernières pentes. Je suis inquiet de leur état de santé, et rejoindre les 4x4 du pas de l’âne sera déjà un bel exploit.
Après quelques foulées communes, je suis heureux d’apprendre que l’un d’entre eux souhaite abandonner au prochain pointage. Il est blême, ne s’alimente plus. Il est au bord de l’épuisement et à tout moment j’ai peur de le voir défaillir. Les communications passent mal et nous aurions l’air malin si la situation s’aggravait.
la Combe
Comme nous l’avions pressenti avant de partir de Saillans, Caro et Patrick (les serre-file) me rejoignent avant la descente de la combe dans la forêt de Saou.
Je suis tout heureux d’avoir embarqué mon phare de camion pour emprunter ce passage fracassé et sombre. Notre jurassien étant en bonne compagnie, j’accélère un peu la cadence pour tenter de rejoindre Eric, Françoise et Francis, lancés dans une course folle contre la montre. La terrible barrière de 22 heures à l’auberge des dauphins.
Ce passage est fabuleux, coincé entre la roche, c’est une sorte de cathédrale où la végétation aurait poussé. Par contre, le sol est à refaire …(quand je pense que certains disent que les chemins de la Réunion sont difficiles )
J’aperçois au loin les halos des frontales. Francis et Françoise ont une bonne allure, « mon » Eric est plus à la peine et paraît résigné. Nous finirons ensemble, rejoints ensuite par le groupe des serre-file …
Nous tenterons bien de relancer, et franchir cette barrière…mais il est trop tard. La course est finie.
La déception se lit sur les visages, la colère aussi. Je les comprends, mais on ne peut pas imposer des temps d’attente plus longs aux nombreux bénévoles. Le règlement est ainsi.
Le pas du faucon
Caro, Patrick et moi reprenons la route pour rejoindre les derniers coureurs sur le chemin vers Crest. Le pas du faucon est l’une des dernières difficultés. Nous avons un bon rythme sur ce tronçon bituminé. La température est douce, la nuit est tombée, j’adore ces sensations (je ne le sais pas encore mais je suis en train de faire une connerie)
On cherche un peu notre route dans la forêt, une balise s’est cachée derrière un poteau.
Notre guide Patrick nous remet rapidement sur la bonne voie. Il connaît la région comme sa poche.
Nous maintenons une bonne vitesse dans cette montée brutale. J’imagine sans peine les dégâts qu’elle peut causer après 80 km. D’ailleurs, il ne me faut pas cette distance pour craquer, ma contracture de Cheptainville se réveille (Voilà, j’ai bien fait de faire le malin précédemment sur la route).
Je vais désormais gérer tant bien que mal toutes les parties montantes, et tenter de ne pas perdre trop de temps dans les descentes.
Au profit d’un dernier effort, nous rejoignons enfin les derniers du parcours (des JDM de l’Essonne rencontrés maintes fois sur le raid28).
Ma mission se termine donc là, au ravitaillement du centre équestre où j’ai la joie de retrouver Miguel.
Il est près d’une heure du matin quand je déguste enfin ce fabuleux breuvage houblonique appelée localement Markus.
Je trinque avec Eric, à notre rencontre et aux prochaines.
Epilogue du dimanche matin
Je traîne un peu aux alentours du départ du marathon. J’y croise avec plaisir, Miguel le centbornard au petit déjeuner, avant de prendre la direction du ravitaillement des maillettes (je ne suis pas sûr de l’orthographe) en compagnie d’une bande de fous (Maria, Ronchon, Sandrine, Stephane et David).
Je ne sais si nous avons été efficaces, mais nous avons passé un formidable moment. Ce ravitaillement sentait la bonne humeur.
Epilogue du dimanche midi
Derniers encouragements et félicitations sur la ligne d’arrivée
Repas de fin course
Remise des prix.
Les vainqueurs et les finishers se félicitent.
C’est toujours un cocktail d’émotion que j’affectionne.
Christian qui a été récompensé dans la catégorique V3, viens me remercier du petit bout chemin parcouru ensemble. Quand je serai V3, j’aimerai être aussi en mesure de boucler le 100km de la Drôme.
Epilogue du dimanche soir
La fête continuera jusqu’à tard le soir dans la salle Soubeyran. On y fêtera l’anniversaire de super « Maman » Maria, de « miss gâteau » Caro, du patron « Jack » et du Castor (ah non, ça je l’ai rêvé).
Très grand Merci à Jack et toute sa clique pour nous avoir organisé un tel WE, aux locaux pour leur accueil, et à tous pour votre bonne humeur et les fous rires partagés.
A l’an prochain et je l’espère avec les dunes d’espoir.
Domi
PS
Bilan de la sortie : 29,6 km +/-2500 m - 7h30
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