Franchir la ligne
L’être humain est peut-être ainsi fait ? A-t-il besoin de ses défis pour avancer, pour exister ? Dans quelques domaines qui soient, nous avons besoin de nous fixer des objectifs au cours de notre existence. C’est certainement dans le sport, où ils sont les plus concrets et plus faciles à matérialiser.
Franchir la ligne en est une.
Au raid28, franchir la ligne va au-delà de la performance du temps et de la distance. Je l’ai encore vérifié.
J’ai connu 2 façons de franchir cette ligne d’arrivée du raid28.
L’aérienne, aux ailes déployées, et je ne vous cacherai pas que pour l’anniversaire des Knockand’O and CO, j’avais espéré un truc dans le genre, en plus modeste bien entendu. (Les ailes de la Victoire étant réservées aux meilleurs, aux plus jeunes et ne nous sont désormais plus accessibles.)
J’enviais donc une arrivée planante. L’envergure serait modeste, certes, mais nos ailes nous auraient porté ici et là, en haut en bas, d’arbre en arbre, de balises en balises, de vertes en bleues et inversement.
Cette voilure qui vous pousse jusqu’à la ligne, avec le sentiment d’une course aboutie, maîtrisée, …
Ce mélange subtil où la tête et les jambes sont en harmonie, où les derniers kilomètres défilent comme une évidence et vous porte vers un bonheur incommensurable à partager avec vos coéquipiers.
Certains appellent cela la 3ème dimension de la course à pied. Le Graal
Il existe une autre façon, moins flamboyante, de franchir la ligne, plus besogneuse.
Sans trop savoir pourquoi, un gnome sur le bord du chemin vous a jeté un sort.
Tiens, toi, à partir de maintenant, tu ne manges plus et tu vomis.
Et toi là, tu me sembles bien alerte, Fascia-Lata, Zumba hop
On peut être « expérimenté » et ne pas être épargné par ces sortilèges. « Si tu sais marcher sur les mains, c’est le moment ».
Aie mes pieds !!!
En temps normal, j’aurai abandonné sans vergogne. Je suis comme ça, dès que le plaisir n’est plus, je rentre chez moi retrouver mon boulet.
Mais je suis encore fasciné des ressources du corps humain en pareilles circonstances. Les sentiments les plus diverses se bousculent alors et explosent dans votre tête. Ils vous font avancer.
Au Raid28, les émotions sont décuplées. C’est d’ailleurs, l’une de ses richesses, on ne court pas pour soi, mais pour l’équipe, et l’équipe court pour vous. J’aime ces moments de communion où l’on mesure pleinement l’amitié qui nous unit.
Je vous avoue que j’ai pesté, ragé et que la douleur m’a parfois piqué les yeux.
Seul devant parfois, je ne pensais qu’à cette ligne que nous allions enfin franchir ensemble.
C’est certain, ces escapades vont me manquer.
J’avais donc rêvé d’une autre arrivée, mais je suis fier de celle là. Elle en est surement plus belle ainsi, plus sincère. Elle restera ainsi dans nos mémoires, sublimée par ce léger sentiment de frustration qui continuera à nous habiter au fil des ans. Le fameux « Si » …
Par pudeur, je vais garder le reste pour moi pour me faire grandir encore un peu, j’en partagerai un peu avec Sandrine.
Merci mes amis de ces instants, de cette course. Ne changez rien !!
Tu vas nous manquer Panda !
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