Rugby : Finale du championnat du monde 2011
En 1987, la petite télé était posée sur le frigo de la cuisine. Nous étions alors une dizaine entassée dans à peine 6 m², les yeux fatigués par une nuit arrosée, et rivés sur le tube cathodique. Nous espérions.
Nous avions chanté l’hymne national et vibré devant la détermination affichée de nos bleus (Rappelez vous Eric Champ pendant le Haka).
Cet instant riche en émotions, est gravé à tout jamais dans ma mémoire. C’était aussi la première fois qu’une équipe de France de sport collectif atteignait une finale.
Nous étions fiers de cette équipe, de notre sport.
A quelques heures du coup d’envoi de la finale de la coupe du monde de rugby, je suis partagé entre excitation et frustration. C’est certainement sur le papier la plus belle rencontre que le rugby mondial puisse proposer et celle que les nombreux passionnés de ce sport attendent.
D’un coté la meilleure équipe du monde, chez elle, en attente d’un second titre depuis 1987, de l’autre, nos bleus, la seule équipe capable de faire déjouer des all black à leur meilleur niveau.
En 1987, l’envie des bleus n’avait pas suffi devant l’application et la maîtrise noire. Mais depuis, nos petits français ont eu maintes fois l’occasion de marquer les esprits « rugby » en battant une équipe archi favorite. Ils ont démontré que le rugby était avant tout un sport de combat pour « testostéronés », mais surtout que le culot, l’inattendu, l’espoir pouvait percer les meilleures cuirasses.
Mais voilà, depuis quelques temps notre équipe me (nous ?) déplait. Son jeu restrictif ne fait pas l’humanité et les parallèles avec d’autres sports comme le foot vont bon train.
Dans les années 90, les italiens du foot ont été des champions « petit bras » et nous en suivons tristement la méthode. Plus récemment encore, des erreurs de communication ont amplifié le débat (encore une fois, comme au foot).
Pourtant, je sais que l’histoire ne retient que le nom du champion et pas la manière de l’être.
J’aime à me rappeler que le rugby a toujours revendiqué une culture différente, ainsi que des valeurs apprises dès les écoles et qu’il résisterait aux dérives du professionnalisme.
Aujourd’hui, les sponsors et autres médias se régalent du parcours emprunté et inespéré dans ce tournoi.
Aujourd’hui, je constate amèrement que seul le résultat compte, et tant pis, si ce dernier geste de panache passe presque inaperçu. Les bleus laisseront jouer les néo-zélandais en noir. Mais est ce vraiment du panache, ou une forte incitation ?
Demain je sortirai le maillot bleu frappé du coq. Nous serons alors une petite dizaine devant le tube cathodique à 10 heures du matin.
Je me gaverai de ce travelling sur les visages fermés pendant les hymnes. Je frissonnerai une nouvelle fois devant le haka. Je pousserai avec les gros. Je râlerai après l’arbitre qui ne sanctionne jamais Richie McCaw, et j’aurai peur dès que Sonny Bill Williams percutera balle en main.
Demain, l’écran sera beaucoup plus grand qu’il y a 24 ans, Peut-être serait ce suffisant ?
Allez les bleus !!! Les plus belles finales sont celles que l’on gagne.
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