La folie de la diagonale
La folie de la diagonale s’est emparée de nous sur cette île merveilleuse qu’est la Réunion....
Ce voyage trop court nous a éblouis, émus, transporté !!!
Nous y avons vu les étoiles de si près...
Il était important de relater un peu de ce séjour sur cette île lointaine afin de vous faire partager et comprendre ce que nous avons vécu là bas…à 10 000 km de vous !!
L’aventure commence….cramponnez vous, ça va être long !!!
Ce lundi matin 15 octobre 2007, après 12 heures de vol, Domi, Soul, Mathias et moi atterrissons à l’aéroport de Roland Garros de Saint Denis, accueillis par un Castor souriant tenant un panneau évocateur de bienvenue…
Nous foulons enfin le sol de cette île lointaine française .
Pascal, notre hôte si sympathique nous attend pour nous emmener chez lui, à St Denis dans le quartier militaire de la Redoute….
En franchissant la porte, la carte de la Réunion nous saute aux yeux, elle prend un pan de mur entier, et on y voit le relief, et la géographie torturée de cette île merveilleuse…Difficile de détacher les yeux de ces sentiers et chemins qui vont attendre nos raideurs !
Mais l’heure de déjeuner a sonné, et Pascal nous a concocté un repas traditionnel, un carry de crevettes savoureux qui nous fait oublier la fatigue du voyage, oui, nous y sommes, le dépaysement est déjà bien là !!
Nous prenons nos marques dans ce logement qui va devenir nôtre pendant une semaine.
Les premiers jours vont alors défiler à une vitesse que nous ne maîtriserons malheureusement pas…
Nous mangeons Réunionnais, (samoussas, carrys, carrys, samoussa, riz à tous les repas, un régal !!),
Nous buvons Réunionnais, (la dodo lé là, rhum arrangé, cocktails de fruits divins…),
Nous découvrons et visitons Réunionnais (le Maïdo sous le brouillard
, le sable de Saint Gilles
, la plage idyllique de l’Hermitage où nous ferons une pause avec Olivier, Alice, Val, une belle brochette de Zoreils
, les filaos sur leur racines découvertes,
le marché coloré du Port…)
Nous festoyons Réunionnais (soirée inoubliable chez Stéphane et Christine, pasta party sur leur terrasse face à la mer, en compagnie de nos potes du forum, Nicolas et Béatrice, Joël, Virginie, Cédric, Mathias, et le très grand Thierry Chambry !!!)
Mais nous n’oublions pas pour autant la raison de notre présence ici ….Une grande course nous attend tous : Le Grand raid de la Réunion, appelé aussi à juste titre « La diagonale des fous » !!
Il faut donc être sage et commencer à se concentrer sur cet objectif majeur.
Mercredi 17 Octobre 2007
C’est aujourd’hui la remise des dossards, nous nous rendons donc au stade de la Redoute, mais il y a un monde fou, et le temps d’attente risque d’être long, on opte donc pour une visite à la boutique Run escapades de notre pote Joël…
On revient plus tardivement au stade où la queue a diminué, j’y croise même Charles (médecin à Epernon..!!) et Marie-Alice sa femme, qui feront partie des partants pour le raid, et le semi-raid.
Domi et Soul vont pouvoir récupérer leur dossard, un dossard si cher à leurs yeux !!
La pression a monté d’un cran, on prend tous conscience que le lendemain, ce sera enfin le départ de cette course mythique…
On rencontre sur le stade Béatrice et Nicolas, que l’on invite, en improvisant une pasta party de dernière minute, on promet de ne pas se coucher tard, les discussions vont bon train, on est super sages, eau à volonté, et pâtes al dente !!!!
Il est temps de se coucher, les prochains jours, les prochaines nuits risquent d’être plus que fatigantes …
Jeudi 18 octobre
Le grand jour est arrivé, Domi et Soul bénéficiant d’une assistance DDE, nous nous rendons à la Subdivision de Saint Denis, où nous retrouvons Franck, mon ancien collègue muté ici depuis 4 ans…
C’est un vrai plaisir de le revoir, il nous explique comment vont se passer les transferts de sacs sur le circuit du raid, nos deux acolytes donnent donc leurs sacs destinés pour la cayenne de Cilaos, sur la moitié du parcours .
Plusieurs agents de l’équipement seront sur ce raid, en tant qu’assistance bénévole, ou en tant que coureurs, une belle photo est prise dans la cour de la DDE avec tous ces participants…
Clic clac et c’est reparti, nous laissons Domi et Soul à l’appartement pour qu’ils se reposent, Mathias et moi en profitons pour aller visiter Boucan Canot, et dormir un peu sur la plage…
Quelques courses pour notre propre ravitaillement de suiveurs, on reprend la voiture, et là, jolie première surprise, sur radio RER, nous entendons un message de Nono, encourageant les kikoureurs du GRR, avec Mat nous sommes cinglés, on n’en revient pas, Nono ici, Nono pense à nous, on est euphoriques !!
Nous reprenons la route excités par toute cette aventure qui commence, et revenons sur St Denis pour le grand départ !!
20H , on met les sacs dans la voiture, nos duvets, Domi et Soul s’installent à l’arrière, on y est, encore quelques heures, et ils partiront vers leur rêve !!
Ils ont l’air tous les deux sereins, même si je devine une petite tension palpable, une sorte d’excitation mêlée à un soupçon d’anxiété…
J’ai besoin du contact de Domi, je lui prends la main, je veux lui faire passer tout ce que je ressens pour lui, pourvu qu’il saisisse tout ce que je veux lui transmettre, mon amour, ma fierté, mon admiration…
J’ai une petite boule dans la gorge, toute petite….
Au fur et à mesure du trajet, la file des voitures s’allonge, tous ces véhicules partent vers la même destination : le Cap Méchant, pour ce départ du Grand Raid…
Nous arrivons enfin à proximité du stade, il y a un monde fou, nous arrivons à nous garer malgré tout pas trop loin, il fait frais, mais le temps est au beau, pas de pluie en prévision, c’est déjà énorme …
Nous descendons vers le stade, nous ne sommes pas seuls !!! 2000 Participants, avec en prime, familles, suiveurs, assistance, cela fait une jolie foule compacte…
Les coureurs doivent passer au contrôle des sacs, avant de pénétrer dans l’enceinte du stade, Domi et Soul nous laissent donc, mais je n’ai pas le temps de déposer un baiser pour Domi, tant pis, il me rejoindra sur le stade…
Sauf que…
En entrant dans l’espace réservé aux supporters, nous comprenons vite avec Mathias, qu’aucune solution d’approcher les coureurs sera possible, deux barrières séparées de 2 mètres empêchent tout contact avec les raideurs, Virginie, Mathias, Val, Yohann, Cédric et Olivier sont déjà « parqués » et on ne peut que constater la frontière bien réelle entre spectateurs et coureurs !!!
On se parle, on prend des photos, ils sont tous sereins et souriants, Alice, la femme de Olivier est avec nous, Domi et Soul arrivent enfin de l’autre côté du « parloir » !!
Je suis si désolée de ne pas avoir pu embrasser Domi, j’avais plein de choses à lui dire pour l’encourager, lui murmurer mes mots, je ne le pourrai pas, et ça me rend folle !!!
Alors je lui transmets tout par regard, j’espère qu’il comprendra !!
Il me reste une chance de l’approcher après le départ, pourvu que …
Franck, mon copain de la DDE nous rejoint, on décide de se diriger vers le départ, on trouve un petit muret, 300 mètres environ après la ligne, on y sera bien pour encourager, et surtout être vus par Domi et Soul !!!
Je reçois des SMS de tous, cela me donne du baume au cœur, c’est géant de se sentir aussi entourés !
L’heure approche…
La musique bat son plein, on entend sans comprendre le discours de l’organisateur, mon cœur bat fort, j’imagine Domi prêt à en découdre avec cette course de folie…
Minuit, le départ est donné !!!!
Tout de suite, le défilé de centaines de lampes frontales nous arrive, un véritable serpentin lumineux, ils courent tous comme au départ d’un 10 km, c’est affolant !!!
On crie, on hurle, j’ai trop peur de rater mon chéri, où est-il ??? Parmi toutes ces petites lumières agitées, je vais le louper, c’est sûr !!! Je sautille sur ce muret, je crie Domi à cette foule anonyme !!!
Pas de réponse, je deviens folle, j’en ai les larmes aux yeux, mais là, le temps s’arrête, je le vois, enfin, de l’autre côté, transpercer la foule de coureurs avec Pierre, pour venir vers moi …
Je suis la plus heureuse, je l’embrasse, encore et encore, je dois le laisser partir, mais j’ai eu mon petit bonheur, qu’il parte avec le goût de ce baiser d’encouragement…mes ondes de Taz…
Nous restons jusqu’à ce que le dernier passe, le départ reste toujours un grand moment, nous ne les reverrons que demain matin, la nuit risque d’être longue, pour eux, comme pour nous ..
Mat et moi reprenons la voiture, direction le Volcan, notre premier point de rencontre prévu sur notre itinéraire, la route est facile au départ, beaucoup de véhicules se suivent, puis au fur et à mesure, on se retrouve peu nombreux, arrivés à Bourg Murat, ça se complique, nous voici seuls dans la nuit, et aucune indication vers le volcan, on continue, mais on est trop loin, nous sommes perdus !!
Nous décidons de faire demi-tour, on s’arrête pour regarder la carte, une dame s’arrête aussi en nous demandant le chemin, on se repère enfin, on trouve la pancarte en bois peu lisible nous indiquant la bonne route.
Et là, nous retrouvons une file de voitures inimaginable, il est 2h du matin, et tout ce monde qui monte au volcan, c’est fou !!!
La radio RER nous tient compagnie, et les messages des kikoureurs qui pleuvent nous font halluciner !! Khanardo, Béné, Loic et Christelle, Manu, Agnès, le Blueb, Nono, Calou, Golum, Lydie, Totote, Vincent, et tous ceux que je ne peux citer…Entre les SMS et les messages radiophoniques, nous ne voyons pas le temps passer !!!!
Nous arrivons au bout de ce chemin, la végétation s’est raréfiée, on devine l’aspect lunaire de l’endroit, mais avec l’obscurité de cette nuit, nous ne voyons rien !!
Nous nous garons, des dizaines de voitures sont déjà là, des gens dorment dans les voitures, tous ces gens sont venus encourager les leurs, c’est magnifique !
Nous descendons de voiture, et là, l’émotion nous étreint, nous découvrons dans cette nuit calme une cascade d’étoiles sur les reliefs du volcan, devinant les courbes magiques de cette montagne aride !!
Image du petit Prince dans le désert …
Les larmes nous viennent, pas un pour rattraper l’autre !!
La vision est féerique, l’émotion intense …
Le froid nous rappelle à l’ordre.
Il fait 2°, on enfile les polaires, les blousons, les bonnets, les gants, équipés comme pour les sports d’hiver, nous voici presque prêts à braver cette nuit polaire australe !!
Nous nous dirigeons vers les lumières des petits chapiteaux installés pour le GRR, je grelotte, il fait vraiment froid, plusieurs petits feux de camps disséminés ça et là, diffusent leur chaleur pour les frileux, on s’en approche, je me réchauffe…
Une boisson chaude est offerte aux suiveurs, je me prends un thé brûlant, je frissonne de bien-être !!
Un orchestre est présent, Elvis Presley chante, et fous que nous sommes, on entame un rock avec Mat, un rock à 2200 Mètres d’altitude sur un volcan, sous les étoiles, il est 3 h du matin…nous sommes peut être seuls au monde à avoir vécu ce moment, ce sera un souvenir inoubliable !!!
Le temps passe, il est 4h du matin, et les premiers concurrents, les champions arrivent, on assiste aux 3 premiers arrivants au ravito, mais ils vont vite ces messieurs, ils s’arrêtent à peine pour se restaurer !!!
Nous décidons donc d’aller un peu nous reposer, dormir si possible, nous regagnons la voiture, prenons les duvets, je mets le réveil de mon portable pour 5h, nous ne voulons pas rater le lever de soleil sur le volcan, nous avons donc 45 minutes pour nous assoupir …
Mathias, trop grand pour la 206, ne trouve pas sa place, il tourne, vire, allume les warnings, les phares, avec ses pieds, on se paie un fou rire d’anthologie !!!
Impossible de trouver le sommeil, je pense à mon Domi, j’espère qu’il va bien, que la montée n’est pas trop dure, qu’il gère sa course comme il le souhaitait…
Petit à petit, je vois je jour se lever, l’aube si belle sur cette montagne chauve, je réveille Mat qui ne dormait pas vraiment, les lueurs bleutées colorent le ciel, c’est tout simplement magnifique !!
On s’extirpe des duvets, on se rhabille à la hâte, le soleil va vite arriver, on sort de la voiture, nous découvrons ce que nous ne pouvions voir hier, le spectacle est grandiose, on en prend plein les yeux, la fatigue est oubliée, nous sommes tout à la joie de vivre ce moment magique !!
Nous repartons vers les barnums du ravito, et allons discuter un peu avec Franck, qui nous conseille de monter sur le sentier, pour aller à la rencontre des coureurs, la vue de là haut est superbe, ce serait dommage de rater ça, c’est parti, on emprunte le chemin du grand raid !!!
Nous encourageons les raideurs que nous croisons, leur prénom est indiqué sur leur dossard, ils sont surpris malgré tout, car nous sommes les premières personnes qu’ils croisent depuis le départ !!
Allez Alain, allez Stéphane, allez Sully, allez Laurent, allez Jérôme, allez Monique, allez Stéphanie, nous n’en ratons pas un, et c’est un vrai plaisir de les applaudir, ils nous remercient tous chaleureusement, et nous disent qu’on leur fait un bien fou !!!
Au loin je reconnais mon Cédric !!!! Castor est là, je lui saute au cou en l’embrassant, il me dit avoir mal aux côtes, mais que tout va bien, il gère, Mathias est devant, on a dû le rater…
Courage petit Cédric, on est avec toi !!
On continue notre chemin, on croise ensuite Olivier, c’est lui qui m’interpelle, je suis heureuse de le voir aussi, tous ces visages connus après une nuit sans eux, c’est fantastique !!
Domi m’appelle, ils seront un peu en retard sur leurs prévisions, il y a eu un bouchon dans la montée vers le volcan, nous avons encore une grosse heure avant de les voir…
Puis j’encourage une jeune femme à la tête baissée, son dossard me donne son prénom : Virginie, « Allez Virginie !! »
Elle lève la tête, c’est ma petite Souris !!!! On s’enlace, on s’embrasse, elle va bien, elle a mis sa casquette, sa crème solaire sur ses joues, des traces blanches encadrent son visage, je ne la retarde pas, mais c’est un vrai bonheur de la voir !!
Nous sommes presque en haut, le paysage est splendide : une mer de nuages au fond de la vallée, ces montagnes arides, avec une flore spécifique, nous subjugue, les cailloux peints en blanc pour les repères, ces raideurs en file indienne, nous sommes au cœur du grand raid !!
On s’installe alors avec Mat sur le bord du chemin, nous encourageons toujours chaque concurrent, on encourage en anglais, en allemand, en italien, on a cette sensation de leur être utiles aussi, on les prend en photo avec leur appareil, on leur indique le prochain ravito, on se régale de ce que l’on peut leur offrir, et eux nous le rendent par un sourire chaleureux !!
Le soleil est au zénith, le soleil donne la même couleur aux gens …
Ils sont tous formidables ces anonymes qui foulent cette terre noire et volcanique.
Enfin, je reconnais au loin mon Domi avec son Soul !!! Il est là, il me manquait tant, je crie, je cours vers lui, je l’embrasse, comme je suis heureuse à ce moment !!!
J’embrasse Pierre aussi, ils ont l’air heureux et pas fatigués, cela me rassure, ils ont une démarche alerte et tonique, nous les suivons, mais c’est qu’on aurait du mal à leur coller aux basques !!
Ils nous expliquent leur début de course, ce qu’ils ont vu, fait, ressenti, ils gèrent superbement tout et tout va bien…
Nous arrivons au ravito du volcan, Domi se change, il fait chaud maintenant…
Charles (rappelez vous...mon médecin d’Epernon....) est sur leurs traces, et je l’encourage aussi, il est sur les mêmes temps que Domi...Cela me fait tout bizarre de le retrouver ici, à 10 000 km de chez nous !!
Le moment de les laisser repartir est venu, mais nous les retrouvons dans peu de temps finalement !
On repart à la voiture, direction piton Textor…
Le panorama a changé pendant la nuit, nous avions fait la montée nocturne, nous découvrons la descente, les lacets dans ce paysage lunaire, les vues vertigineuses sur des vallées, tout est beau, tout simplement !
Nous parvenons au piton Textor, un crachin breton nous accompagne, Mathias décide de dormir un peu, je le laisse donc à la voiture, je vais me poster juste en face du ravito, je ne les raterai pas, j’ai une petite heure à attendre ici.
Je revois ceux que nous avions encouragés au petit matin, je reconnais certains prénoms, certains visages, j’aperçois un petit bout de femme au sourire unique qui transperce ce brouillard, son dossard indique « Line », je suis certaine que c’est elle, la compagne de Joël, je ne l’avais pas encore vue, mais sa description ne fait aucun doute, alors je crie « allez Line » elle me regarde, me sourit, mais doit croire que je suis une anonyme, je décide donc de l’appeler « Poupette » son surnom !!!
Et là, elle tilte, et me dit c’est toi Taz !!!
On s’embrasse, on se tient la main comme de grandes amies, elle est superbe, toute heureuse de me voir, et la réciprocité est vraie !!
Elle m’indique que Domi et Soul arrivent.
Line part avec des amis venus l’encourager ici, je lui souhaite bonne chance pour la suite..
J’attends encore un peu, ils ne tardent pas à arriver, la brume les entoure, mais je reconnais la silhouette de mon Domi, son grand sourire, il vient vers moi, que de bonheur qui m’assaille !!
Ils sont comme des gosses, ils délirent comme à leur habitude, jamais on ne croirait que le grand raid peut être difficile !!!
Ils repartent déjà, mais de les voir aussi sereins me tranquillise, prochain point de rendez vous : Mare à boue (ou bar à moue comme dirait Domi J
Mat se réveille, on repart, la route est sinueuse, mais on s’arrête régulièrement pour prendre des photos de cette balade magnifique.
La terre noire a fait place peu à peu aux sapins, on se croirait dans les Alpes !!! La Savoie de mon ptit frère Manu ne serait donc pas loin ??
Puis, en descendant encore, c’est au tour des vaches et des prairies d’envahir le paysage, telle une Normandie expatriée !!
Etonnant cette diversité en quelques kilomètres !!
L’arrivée à Mare à boue se fait rapidement malgré les bouchons, il y a énormément de monde sur cette nationale, ici, c’est l’endroit le plus pratique pour toutes les familles voulant encourager, on a un peu de mal à avancer sur cette petite route…Trouver un stationnement semble difficile, mais on trouve une place idéale …
Nous n’avons plus qu’à attendre, nous savons que nous allons partager une bonne demi heure avec Domi et Soul, on va manger avec eux, un véritable luxe sur ce parcours.
Nous préparons le sac pour notre pique nique, et les voici qui arrivent, ils sont dans leurs timing, mais le visage de Soul est fermé, le bitume l’a fatigué, il n’a pas l’air bien, je ne l’ennuie pas avec des mots inutiles, manger va lui faire du bien ainsi que cette pause bénéfique ….
Domi va bien, Tamiou est là aussi (il encourage sa petite femme, à défaut de pouvoir courir suite à une blessure) je fais un bisou à Patrice qui ne m’avait pas vue derrière lui !
On s’installe par terre, poulet grillé pâtes sont au menu pour les coureurs, beaucoup profitent de cette pause de midi, on se croirait à un barbecue géant d’une fête de familles !!
Line nous a rejoints, elle fait le parcours avec Domi et Soul, elle nous informe que la suite va être difficile, elle a eu son homme au téléphone, Kerveguen a usé tous les participants, la boue à n’en plus finir, la montée, puis la descente ont fatigué Joël et beaucoup d’autres …
Ces paroles ne me rassurent guère, je ne dis rien, mais je commence à redouter la suite du parcours, même si je sais que la boue n’a jamais fait peur à mon chéri, mais je sais qu’ils vont entamer une grosse partie technique du parcours !!
Nous les laissons une fois de plus, Soul va mieux, il a retrouvé son sourire, c’est important, il faut que les deux soient en forme, un dernier bisou et on repart…il est midi trente, et nous savons que nous avons environ 5 h pour rejoindre Cilaos.
Sur ce chemin de campagne, je demande à Mat de faire un arrêt pipi, je ne tiens plus !!
Sous les yeux ahuris d’une vache, je pose ma culotte J elle n’a pas l’air trop perturbé !!
On profite aussi pour se laver les dents (suiveur n’est pas un métier de tout repos !! J’ai alors une pensée pour Béné et Lolo…) Je commence à ressentir la fatigue, normalement les nuits blanches ne me conviennent guère, et là, je suis debout depuis hier matin !! Je m’étonnerais presque de mon état de forme !!
Nous roulons jusqu’à Saint Pierre, Mat a mal à la tête, il fait très chaud, nous sommes fatigués, on décide de s’autoriser une pause sur la plage, pour s’aérer un peu la tête, se changer, et se rafraîchir !!!
On se trempe les pieds dans le lagon, ça fait un bien fou, on a compté que nous ne devions pas nous éterniser, car la route de Cilaos, célèbre pour ses 500 virages (oups) risque de nous ralentir.
En voiture, et c’est reparti, Domi m’appelle en me précisant qu’ils auront du retard, Soul s’est reposé à Kerveguen, et la descente vers Cilaos risque d’être un peu longue, il me donne un créneau, ils arriveront entre 18 et 19 h …
Nous avons donc un peu de temps devant nous, mais nous arrivons très rapidement sur les fameux lacets, ça promet, moi qui suis malade dans les virages, je n’ose pas imaginer le calvaire que je risque de vivre !!
Mais les paysages somptueux nous font oublier la difficulté de la route, à chaque détour, nous découvrons ces pics torturés, comme tailladés à la hache !! La végétation est luxuriante, et les panoramas nous coupent le souffle !!!
La route est sinueuse et peu large, parfois, un seul véhicule peut passer !! Nous passons sous des tunnels tout aussi étroits qui font dire à Mat, « on se croirait dans le train de la mine chez Disney ! »
Nous parvenons enfin à Cilaos, village perdu au milieu de nulle part, entouré de pitons, de pics, de montagnes abruptes, de falaises lisses et verticales !!
C’en est presque angoissant de les savoir dans ces montagnes hostiles !
Nous nous baladons dans le village, c’est la fête aux lentilles (spécialité locale avec le vin …), nous repérons les lieux, savoir où nous pouvons les attendre, il y a un poste de pointage de sortie de Cilaos, nous nous asseyons là, sur un muret, nous avons un léger coup de barre, mes genoux servent d’oreiller à Mat, il s’endort et moi je pique du nez !!!
Mais des concurrents arrivent, je ne sais pas si on risque de voir les copains, car je ne sais absolument pas où ils en sont tous…mais je garde un œil ouvert, on ne sait jamais ..
Le temps passe, et d’un seul coup, je reconnais Virginie !!!
Je vire Mat en le réveillant brutalement, je me lève, et je cours vers la Souris, elle est accompagnée de Yohann (la libellule), je les embrasse avec tendresse, ma petite Virginie a un teint blanc / jaune qui m’inquiète un peu, elle me confirme qu’elle doit être en hypo, mais qu’elle va tenir bon …Elle a une gniaque cette petite nana, c’est incroyable, je l’admire, vraiment !!!
Yohann m’explique qu’il vont continuer ensemble, c’est bien pour eux je trouve.
On repart avec eux, Mat veut se reposer dans la voiture, moi je retourne au poste de pointage, Domi ne devrait pas tarder, il est 18 H.
Nous rencontrons Béatrice et Nicolas qui abandonnent ici …
Mon portable vibre, c’est lui, c’est Domi, à sa voix, j’entends tout de suite que cela ne va pas, une boule d’angoisse me monte à la gorge, il me dit qu’ils se sont fait fracasser dans une descente, Domi s’est tordu la cheville, Soul a ses genoux qui ont morflé, ils ne savent même pas où ils en sont, ni quand ils arriveront sur Cilaos !!
Il raccroche, et là, je ne me sens pas bien, une angoisse me noue l’estomac, je fixe cette montagne qui a englouti mon homme, et en fixant cette montagne abrupte, j’aperçois les lueurs des frontales, ils sont plusieurs, là bas, tout là haut, et j’ai peur !! Je ne décroche plus mon regard de ces lueurs infimes, je voudrais qu’ils soient bien plus bas, mais je ne sais rien, je ne sais plus, je me sens perdue et inutile !!
La nuit est tombée, définitivement.
Mat me rejoint, il me rassure un peu, je lui explique la situation, on essaie de trouver l’assistance de la DDE, personne ne connaît, cela ajoute à mon angoisse, je contacte par téléphone le site de Cilaos, une dame charmante m’explique que quelqu’un va m’attendre devant les tribunes du stade de Cilaos, puis pourra emmener Domi et Soul dans la cayenne prévue pour l’assistance.
Les minutes passent, lentement, je rappelle Domi, ils ne sont toujours pas en bas, ils galèrent, et je le sens, je l’entends.
Je lui dis qu’on les attend au stade, nous serons là pour les réconforter, il me parle d’abandon !!
A cet instant même, je ne sais pas si je vais être capable de les remotiver pour qu’ils repartent, car je n’en ai même pas envie !!
Mais si, je suis là pour ça, Sandrine bouge toi, booste les, ça va aller, ils vont se reposer, manger, dormir un peu peut être, et ils repartiront !!
Je me motive toute seule !!
Domi me rappelle, ils ont quitté le sentier, ils sont sur la route, et espèrent ne pas tarder, nous sommes au stade avec les deux agents de la DDE, les gens qui arrivent sous les lumières blafardes et éblouissantes, du complexe sportif sont hagards, fatigués, on croirait qu’ils reviennent de l’enfer !!!
Certains installent des tentes sur la pelouse du terrain de foot pour y dormir un peu…
Je redoute de les voir, j’ai peur de les voir affaiblis, harassés, Mat guette au travers de la porte, il me crie que Domi et Soul arrivent, mon cœur se serre, la joie des heures précédentes a fait place à autre chose, mais je ne dois rien montrer !!
Ils arrivent, ils ont ce masque que je redoutais, le visage est fermé, le regard lointain, Domi m’explique qu’ils sortent d’une machine à laver, cette descente hyper technique, glissante, dangereuse les a malmenés, physiquement dans un premier temps, et mentalement ensuite !
Ils ont déjà décidé de la suite des événements, mais nous partons tout de même vers la maison de l’équipement, un feu crépite dans la cheminée, il y fait bon, la soupe nous attend, ce serait idéal pour une pause réparatrice, mais la cheville enflée de Domi et la petite forme de Soul vont définitivement arrêter la décision : Abandonner ici, à Cilaos !
C’est une décision sage et prudente, car la bascule dans Mafate ne pardonnerait aucune erreur, ni aucune blessure, ils ont parcouru 70 km, se sont régalé durant 62, l’aventure s’arrête là, mais ils ont fait un parcours sans faute !! Une grosse balade de 20 heures sur les sentiers Réunionnais !!
J’envoie quelques SMS pour signaler l’abandon de Domi et Soul, j’avais peur que Domi ou Soul soient trop affectés par cet arrêt, mais ils sont juste prudents, et c’en est tout aussi courageux !!
Je suis fière, très fière de ce que vient de faire Domi, j’attendrai un peu avant de lui dire, je ne veux pas le blesser, ni le perturber, je veux le laisser digérer cette fin prématurée .
Nous repartons donc de Cilaos à 4 dans la voiture, retour vers Saint Denis, il est déjà tard.
Et à cette heure tardive, au stade de la Redoute, Thierry, ce grand champion franchit la ligne d’arrivée, triomphant, en 23 H 30 !!
Après une petite nuit réparatrice, notre journée va se rythmer au gré des arrivées de nos copains et copines !!
Nous aurons même le suprême honneur de discuter avec Thierry l’immense vainqueur de ce grand Raid, généreux et simple, il nous a tous bluffés par son sourire et sa gentillesse !!
Nous serons émus par les arrivées des enfants de la Geolette en fauteuil, qui ont été portés sur le semi raid par des porteurs !!!
Nous serons hilares devant cette bande de copains accueillant leur pote version paquito,
Nous serons excités par les arrivées de Joël (que nous avons reconnu au dernier moment !!), de Stéphane, tout sourire…
Puis l’arrivée de Cédric, notre castor sprintant sur les cent derniers mètres, où j’aurais du mal à le suivre tellement il allait vite !!! Ce bonheur indicible de le voir arriver !!!
Olivier franchissant la ligne d’arrivée avec Alice (qui avait prévu sa clochette de montagne !!)
Nous entendons alors un gars à côté de nous, pendu à une oreillette, il parle de Virginie la souris, nous tendons l’oreille, nous avons peur qu’il soit arrivé quelque chose de grave !!
Nous lui demandons ce qui se passe, il nous répond qu’il est le journaliste reporter de RER et qu’il cherche des gens de Kikourou, une souris qu’il ne trouve pas, on est morts de rire, et nous lui expliquons que nous sommes toutes une bande de kikoureurs ici !!
Il a trouvé le NID !!! Il nous courait après car la radio RER a été submergée de messages, et ils ont voulu absolument comprendre le phénomène KIKOUROU
Il est ravi et décide de nous interviewer, ça y est, c’est la gloire !! Nous parlons chacun notre tour au micro !! De vrais gosses !!
Nous parlons longuement avec Philippe le reporter, de notre communauté de kikoureurs..
Ne manquait plus que notre petite Souris, Mathias notre boss, et Yohann…Nous étions décidés, malgré nos fatigues, à les attendre au stade, mais à minuit, Virginie m’informant qu’ils ne seront là que vers 3H du matin, je lui réponds que nous allons nous coucher, et qu’elle m’appelle lorsqu’elle sera en vue de la Redoute…
Nous nous couchons pour 4 petites heures de sommeil, Virginie m’appelle à 4h, Domi et moi sautons dans nos chaussures, encore quelques minutes et ils seront là, je me décide à attendre bien avant le stade, sur la route qui descend, je vois ainsi au loin les frontales…
Le temps me paraît long, je suis impatiente de les voir, de les féliciter, je guette, je trépigne !!
Enfin, au loin, 3 frontales percent la nuit noire, 3 lampes balaient le bitume, je suis certaine, ce sont eux, je m’avance, je cours vers eux, oui, Virginie, Mathias et Yohann, ils sont là, fatigués, éreintés, mais ils en terminent !!! J’en ai les larmes aux yeux !!
Je prends Virginie dans mes bras, je veux lui donner de la chaleur, et l’emmener au bout !!
Ils marchent, Virginie me demande s’ils doivent courir sur le stade, je ris, je lui dis qu’ils peuvent marcher jusqu’à la fin …
Mais ils se remettent à trottiner, je prends la main de la Souris, et on pénètre dans le stade, ils y sont, encore quelques secondes, et ils seront des survivants du grand raid !!
55 heures d’effort surhumain, sans dormir, mais ils terminent !!!
Nous les félicitons avec Domi, les emmenons vers les douches, et les raccompagnons à l’appartement pour qu’ils puissent dormir un peu..
Domi et moi repartons vers le stade, nous voulons être là pour Line, dame Poupette devrait arriver vers 7 H, nous serons là !!!
Elle tient ses promesses, et dans un grand sourire, franchit elle aussi la ligne d’arrivée sous le regard fier de Joël !!
Nous pouvons désormais nous poser !! Il me manque du sommeil, mais peu importe, j’ai profité de tout, jusqu’au bout !!
Une dernière interview pour RER laissera éclater mon émotion, et ma fatigue sans doute aussi, mais comme je l’ai dit, je vous aime, et ce que vous nous avez permis de vivre est unique !!
Le grand raid s’achèvera le soir, dans un feu d’artifice, saluant les performances des vainqueurs, Thierry Chambry, et Marcelle Puy, le champagne coule à flot, les yeux brillent, chacun a eu sa part de rêve !!!
Nous partageons ces moments de liesse, nous venons de vivre une aventure extraordinaire, surhumaine, et des images me resteront gravées à jamais !!
Je voudrais remercier :
Mon chouchou Mathias, pour son dévouement à toute épreuve, il a conduit de main de maître (avec un bras dans le plâtre !!), nous avons scellé notre amitié ici !! Je t’adore mon Matnut !!
Soul, sans qui Domi n’aurait pas remis les pieds à la course, sans qui il n’aurait pas eu les c... de partir sur ce truc de fous, Pierre, tu nous as permis de vivre cette aventure avec toi, tu nous offres cette amitié énorme sans compter, tu es un mec extraodrdinaire, je te souhaite tout le bonheur possible pour ton futur !!
Pascal pour son accueil généreux et adorable !! Il a été à l’écoute de toutes nos demandes, et a devancé nos envies (le cocktail de fruits du matin !!!!), sans toi (pas sant toit), grâce à toi, nous avons passé un séjour idéal, merci à toi, et bravo pour ta superbe performance
- Une dédicace spéciale pour toute la bande de tendres fous avec qui nous avons partagé cette fabuleuse semaine : Virginie qui m’a éblouie, je l’adore et elle le sait !! Mon Cédric sucre d’orge, toujours adorable, égal à lui même. Mathias que je ne connaissais pas et avec qui j’ai adoré délirer...Photo à l’appui !!!
Olivier grand seigneur à l’humour imparable, Alice, charmante Alice qui pourrait facilement devenir une amie traileuse...
J’ai sincérement aimé tous ces moments partagés !!!!
Je n’oublierai pas Kikourou et ses formidables kikoureurs et kikoureuses !! Vous étiez si loin et pourtant si proches de nous, on a reçu une dose d’amour énorme, comment vous le rendra-t-on ????
Merci mes amis, vous n’êtes pas virtuels, mais bien rééls !!!
Je vous adore, je n’oublierai jamais vos mots, vos attentions, vos messages, vous êtes uniques !
Mon dernier message sera pour mon chéri...
Domi, tu viens de me faire vivre des moments intenses comme je les aime, tu as été magnifique dans cette épreuve, j’aurais adoré franchir cette ligne d’arrivée avec toi, mais ce sera pour une prochaine fois, ici ou ailleurs…
J’espère avoir été à la hauteur de ce que tu attendais durant cette course, en tous cas, toi, tu m’as tout donné !!
Tu es un homme merveilleux aux qualités rares, ne change rien, surtout !!!
Je t’aime pour tout ce que tu m’offres depuis ces trois belles années …
Merci mon cœur.
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